Le français et le québécois sont des langues similaires… mais elles ne sont de loin pas identiques !
Si vous prévoyez un petit voyage, voire une installation au sein de cette province canadienne, un petit guide visant à comparer ces deux « variantes » linguistiques pourraient bien vous être utile. Et c’est justement ce que nous vous avons préparé.
Dans les lignes à venir, découvrez un modeste mais honnête panorama de ce qui distingue le parler français, et le parler québécois.
1. Les expressions et mots utilisés
Historiquement, cela fait bien longtemps que les Québécois ont quitté le territoire hexagonal. Il est donc parfaitement normal que la pratique linguistique présente des particularismes par rapport à la France.
Pour des raisons culturelles, parfois par le simple fait du hasard et de l’habitude, il y a des mots typiquement utilisés par les résidents de cette province canadienne, qu’on n’utilise plus… ou autrement en Europe.
Voici quelques exemples :
Les formules de salutations ou d’expression quotidienne : petite sélection
- Si vous entendez « faque », votre interlocuteur ne raconte sans doute pas ses expériences à l’université. Cette contraction très courante signifie « donc » ou « par conséquent ». On retrouve, à l’origine, la locution « fait que ».
- L’expression « À date » permet d’exprimer une certaine forme de temporalité. Elle se traduit, pour simplifier, par « Pour le moment », ou « À ce stade ».
- Sans doute dans la fameuse logique de protection linguistique, les Québécois n’utilisent que rarement l’anglicisme « week-end », lui préférant « fin de semaine ». Attention aux malentendus !
Il en existe évidemment d’autres. N’hésitez pas à acheter un petit lexique, ou à consulter certains guides sur Internet pour éviter les incidents diplomatiques !
Les mots pour désigner certains objets ou concepts : petite sélection
- Peut-être par nostalgie, dans cette partie du Canada, on ne monte pas dans une « voiture », mais dans un « char ». On vous rassure : le véhicule reste motorisé.
- Si vous demandez à utiliser un « sèche-linge », vous pourriez ne pas être compris(e). En effet, il est plutôt question de « sécheuse » au Québec ! La différence est subtile, mais suffit parfois à installer l’incompréhension…
- Un « dépanneur » n’a pas la même fonction chez les québécois qu’en France. C’est plutôt un vendeur, qui s’occupe de proposer ses denrées en tout temps, même quand les autres magasins sont fermés !
Quelques autres exemples amusants
- S’occuper de ses gosses, c’est important, en France. Au Québec, ce n’est pas forcément une mauvaise chose… mais ça n’a pas du tout le même sens ! En effet, ce qui équivaut pour un Parisien à une façon populaire de dire « enfants »… désigne les testicules de l’autre côté de l’océan. Pour éviter les quiproquos, mieux vaut le savoir !
- Pour des raisons historiques fascinantes, la panoplie des jurons québécois est largement marquée par l’imaginaire chrétien. Ainsi, « Tabarnak » (une variante de « tabernacle », ce meuble spécifique qu’on retrouve dans les églises) et « Calisse » (la fameuse coupe contenant le sang du Christ selon les chrétiens) sont légion.
- Au Québec, vous pouvez porter une tuque (bonnet), armer vos pieds de gougounes (des sandales spécifiquement destinées à la plage) ou vous prendre des claques en magasin (non, les vendeurs locaux ne sont pas particulièrement violents : cela désigne la protection de certains souliers). Bref, il s’agit de revoir un peu son lexique vestimentaire ! Particulièrement pour les bas… qui, pour les locaux, correspondent aux chaussettes françaises !
Encore une fois, nous n’avons pas mentionné toutes les expressions typiquement québécoises. Mais ces quelques éléments prouvent qu’il y a plusieurs différences, et qu’il est mieux de les connaître pour communiquer correctement !
2. L’accent
L’accent québécois est parfois difficile à comprendre pour les Français ; dans certaines régions du Québec, il peut être particulièrement prononcé.
La principale différence réside en la manière d’articuler les lettres. On parle bien ici d’une variation « anatomique » : la manière dont la langue se déplace au sein de la cavité buccale se distingue. C’est pourquoi ceux qui tentent de reproduire le parler québécois se ridiculisent bien souvent !
Évidemment, le meilleur moyen de s’habituer à l’accent québécois, c’est de vivre sur place. Aux premières heures, vous pourriez vous sentir désemparé(e). Puis l’oreille saisit les subtilités, les nuances… et forcément, l’acclimatation est plus rapide, plus aisée que quand il s’agit d’apprendre une nouvelle langue.
3. Le rapport à l’anglais
Le français du Québec et l’anglais… c’est une longue histoire. D’un côté, les anglicismes se multiplient. Les locaux préfèrent se raconter des « jokes » que des blagues, notamment. Dans le milieu des affaires, beaucoup de termes sont empruntés à la langue de Shakespeare : on parlera bien plus volontiers de « management » que de « logistique ».
Cela dit, au niveau du gouvernement et de certains puristes très attachés à la tradition linguistique de cette province, on tient à ne pas voir s’étioler l’héritage francophone. Ainsi, aucune administration n’osera vous envoyer un « e-mail », et vous fera parvenir un « courriel » à la place.
Sur les panneaux de signalisations, « Stop » devient « Arrêt ». Comme vous le savez sans doute, les séries, les films et les jeux vidéo ont des titres francisés, ce qui donne parfois des résultats très amusants :
Quelques exemples de titres québécois amusants
- Le film d’animation Cars perd un peu de sa splendeur, en étant renommé Les Bagnoles.
- Malgré le soin apporté par Tarantino aux spécificités langagières de ses personnages, les censeurs québécois ont rebaptisé son film « Inglourious Basterds »… « Commando des Bâtards ».
- Parfois, on ne se complique pas trop la vie : les parents québécois ont emmené leur enfant voir « Histoire de jouets ». On vous laisse deviner le nom original.
- Et pour « Slumdog Millionnaire », on a préféré se concentrer sur l’aspect capillaire dans cette partie du Canada. Le film s’appelle « Le pouilleux millionnaire ».
Les différences entre le français et le québécois : sont-elles si grandes ?
Soyons clairs : le québécois reste du français. Vous serez bien vite habitué(e) au lexique et à la prononciation des locaux, surtout si vous maîtrisez l’anglais et que vous avez un peu « révisé » en amont.
Mais chaque région du monde a sa culture, ses traditions, ses spécificités. Le Québec a donc développé son propre français, respectueux de son héritage à bien des égards… mais aussi plein de cette vie, de cette énergie qui caractérise la fameuse province canadienne.